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LeprogrammepolitiquedeJL
1 octobre 2021

Reconqête Au nom de l'intérêt général Aurore Lalucq

A l’attention De Madame la députée Aurore Lalucq

Reconquête au nom de l’intérêt général

 

               Madame la députée,

 Il m’a fallu attendre une occasion particulière pour pouvoir me procurer votre livre relativement onéreux puisqu’il est vendu 10 euros pour 94 pages. Un bon cadeau de la Fnac m’a permis de l’acheter récemment.

Je l’ai lu avec une grande attention.

1 L’origine de la pandémie

On ne peut qu’adhérer au premier paragraphe de la page 15 et il est dommage que vous ne vous en soyez pas contentée plutôt que de vouloir fournir dans les premières pages du livre une explication à la crise du Coronavirus qui, même si elle est probable, reste à démontrer.

Vous écrivez

Page 7 : Cette catastrophe est bien la conséquence de notre développement

Page 8 : Le Covid 19 découle en premier lieu d’une interpénétration croissante des mondes humain et animal

Page 9 : C’est la recherche infinie de croissance, de production, d’hyperconsommation et l’absence de partage des richesses qui ont conduit à ce drame et amplifié ses conséquences

Page 12 : En effet, la dégradation de la biosphère, à l’origine de la pandémie

Toutes ces affirmations restaient largement à démontrer au moment où vous avez écrit votre livre car, par exemple, une délégation spéciale de l’OMS est allée vérifier sur place en février 2021 s’il ne s’agissait pas d’un accident.

Covid-19 : l’enquête de l’OMS à Wuhan n’a pas établi de certitudes sur les origines de la pandémie

L’équipe internationale, sur place depuis un mois, conclut que l’hypothèse « la plus probable » est la transmission depuis un premier animal, puis un deuxième, avant une contamination à l’homme.

Le Monde avec AFP

Publié le 09 février 2021 à 04h57 - Mis à jour le 10 février 2021 

Cette visite de l’OMS valide plutôt vote explication de la page 8 mais il ne vous était pas possible d’affirmer votre version en mars 2020. Les autres affirmations restent encore à valider aujourd’hui et constituent uniquement un point de vue (même si je concède qu’il est très probable) sur lequel il est difficile de faire reposer l’argumentaire d’un livre.

2 Les indicateurs

Votre analyse, sur l’incapacité du PIB à traduire l’état d’une société au développement avancé, est très intéressante.

On comprend bien qu’il faut trouver le moyen de mesure qui nous indiquera au plus juste si nous sommes entre le plancher social et le plafond environnemental.

Toutefois on ne comprend pas trop bien comment pourraient être prises en compte dans ce nouvel indicateur l’incidence de deux autres préoccupations très importantes que vous évoquez en page 31 sur la nécessité de ne pas opposer l’avoir et l’être et sur le fait d’appartenir à une communauté.

J’adhère pleinement à vos réticences sur IPV qui nécessite de monétiser les vies humaines. A une époque où l’intelligence artificielle se développe et prend de plus en plus de place dans les conseils, le risque serait, avec cet indicateur, qu’on découvre que supprimer des vies humaines, qui polluent, serait un facteur positif.

Malgré votre analyse, le PIB reste utile pour tous les pays en développement et il ne sera pas possible  d’envisager en sortir rapidement. C’est pourquoi je vous invite à la prudence lorsqu’à la page 28, vous poursuivez votre raisonnement en plaidant pour que les gouvernements assument une forme de radicalité pour sortir du système actuel.

Je préfère vos propositions d’aménagement du calcul de la dette de la page 86 où vous proposez de sortir les investissements verts de la règle des 3%. De mon point de vue, vous auriez également du proposer de sortir les dépenses de défense de cette règle car les pays européens ne sont pas tous égaux devant les obligations de dépense en matière de défense et il reste anormal que la France doive assumer un gros budget dont l’Europe toute entière profite.

3 L’état stratège et producteur

On comprend parfaitement votre agacement page 37 lorsque vous regrettez l’impossibilité d’avoir des débats raisonnés sur la dette, les fonctionnaires, les retraites, la protection sociale les impôts et l’écologie.

J’approuve complètement votre analyse de la page 43 sur les rapports incestueux entre l’état et les grands groupes. Par exemple, il est arrivé que  la puissance publique n’ait plus les moyens d’accepter  les prix des péages, et qu’elle se tourne alors vers le concessionnaire qui a accepté de ne pas appliquer des hausses de tarif en échange d’un allongement de la durée de concession d’une autoroute. L’état se faisant aider par le privé devient automatiquement dépendant.

J’approuve également votre analyse sur le CICE qui aurait dû rester ciblé sur les entreprises exposées au secteur concurrentiel avec les autres pays. Donner le CICE à Carrefour, c’est effectivement perdre de l’argent.

La stratégie exposée à la page 45 qui permet de justifier le démantèlement de l’état n’aurait pas été crédible si elle n’était pas théorisée dans le rapport de l’OCDE tellement elle est machiavélique.

 Ces quatre arguments sont solides et supportent tout à fait votre raisonnement qui pousse à la nécessité de revenir à un état stratège et producteur.

Cette notion d’état stratège vous conduit naturellement à la nécessité de planifier.  La notion de plan ramène nécessairement à l’idéologie communiste.

Alors qu’on se rassure lorsqu’à plusieurs endroits de votre livre, vous évitez l’amalgame entre la nécessité de planifier et le plan au sens de l’idéologie communiste,

(Exemple page 30, vous reléguez la question du régime économique (Capitaliste ou Communiste) comme étant finalement secondaire. L’un et l’autre conduisant à une destruction de la nature et qu’à la page 48, vous écrive que la nationalisation, de votre point de vue, doit constituer un moyen et non une fin en soi. Vous prenez même soin à 50 d’écrire : Certe il ne s’agit pas de réhabiliter la planification soviétique et à la page 51  vous  redéfinissez  votre notion de plan en évoquant un contrat social et solidaire.)

Il n’en reste pas moins que la manière dont vous parlez de la planification a  une connotation communiste. D’ailleurs, après avoir défini votre planification comme un contrat, vous revenez à la notion de plan dans votre conclusion.

Ceci est un peu dommage car ce n’est pas votre intention à en croire ce que vous écrivez en page 52 sur l’objectif de réorienter des politiques déjà mises en œuvre.

On retient malgré tout au niveau national :

-          La nécessité de déployer au niveau local des lieux de réparation citoyenne 

-          La nécessité de lancer des initiatives zéro déchet au niveau des administrations, des écoles et entreprises publiques

-          La nécessité d’investir massivement dans les infrastructures végétales

-          Restaurer et préserver la biodiversité

-          De passer à la semaine de 4 jours

-          De mieux faire coïncider utilité sociale et rémunération

-          De limiter l’écart de rémunération dans une entreprise de 1 à 20

-          De lancer la lutte contre l’évasion fiscale

-          D’imposer les riches y compris s’ils sont exilés

 

Au niveau européen

 

-          Mener le combat afin de porter des idées neuves guidées par l’intérêt général et le pragmatisme plutôt que par l’idéologie de quelques-uns.

-          Mettre les politiques économiques au service de la transition écologique

-          Annulation et Mutualisation des dettes

-          Que la BCE soutienne directement les états sans passer par le marché secondaire

-          Sortir de la règle des 3%

-          Mettre en place une politique de relocalisation économique et industrielle au service de l’intérêt général

-          Aider les états à assurer leurs fonctions d’encadrement et de planification pour assurer la production de biens stratégiques (Médicaments, énergies renouvelables, textile)

-          Injecter de l’argent vers des acteurs privés en fonction de critères sociaux et environnementaux stricts.

-          Créer une agence d’autorisation de mise en place sur le marché de produits financiers.

-          Renégocier les traités en cohérence avec les  exigences sociales et environnementales de l’union européenne.

 

4 Ce que votre livre n’explique pas

Au niveau national, je relève deux difficultés

a)      Votre objectif est de créer au moins un million d’emploi dans le secteur de la transition énergétique et la restauration de la biodiversité. Votre idée prévoit en outre que l’état soit employeur en dernier ressort et fournisse un emploi à toute personne physiquement apte.

On comprend bien l’utilité de ces emplois.

Votre livre devrait mieux expliquer comment l’état va obtenir les ressources pour payer ces emplois.

Vous expliquez que si tout le monde disposait d’un emploi, finalement l’augmentation de coût pour l'état ne serait pas si énorme par rapport à la situation actuelle car on éviterait alors de payer les allocations et les aides. Avez-vous chiffré le montant qu’il faudrait financer en plus de la situation actuelle ?

S’il s’agit de faire le financement par de la création de dette, est ce que cette dette serait contractée auprès de l’union européenne exclusivement ?

Si oui, quelles garanties avons-nous que celle-ci acceptera de nous prêter et ne nous demandera pas des taux excessifs.

b)      Concernant la lutte contre l’évasion fiscale, cette disposition a déjà été largement mise en œuvre depuis le quinquennat de M François Hollande et il semble que les montants de 60 milliards d’euros sont dorénavant surestimés. De toute façon, si la lutte est efficace, les revenus de cette lutte ne sont pas durables et il est dangereux de vouloir financer des politiques publiques aux coûts récurrents avec ce style de revenus.

Au niveau européen, toutes vos idées sont excellentes  mais comment faire pour les mettre œuvre ? Je vois les difficultés suivantes :

a)  Tant que l’Europe n’est pas une fédération, elle n’a pas le pouvoir d’imposer à des pays de prendre en charge la dette d’autres pays qui sont peut-être moins rigoureux dans la gestion de leurs budgets.

Quand il s’est agi de sauver la Grèce, bon nombre de réticences venaient du fait que les pays contributeurs ont découvert que la Grèce avait triché sur sa situation avant d’intégrer l’Europe.

Comment dans ces conditions les convaincre de payer?

b)      La création monétaire, y compris par la BCE, doit avoir des limites. Est-il possible d’évaluer ces limites ?

S’il n’y a pas de limite, pourquoi se restreindre et ne pas rendre heureux les gens qui ne veulent pas travailler en leur versant un revenu minimum d’existence. Au moins, ils ne pollueront pas en allant au travail.

c)       Vous pointez une urgence écologique d’un côté que vous évaluez à une dizaine d’année et vous envisagez des solutions dont la mise en place nécessitera de longues années de négociation. Votre livre n’explique pas comment faire dans l’intervalle de temps nécessaire à la mise en œuvre de vos solutions.

Conclusion

Pour revenir au tout début de ces commentaires sur l’épaisseur de votre livre, je pense que:

-          vous auriez pu le compléter en décrivant ce que pourraient être formellement les nouveaux indicateurs pour la France et l’Europe :

  • Définition du plancher social pour la France et l’Europe
  • Définition du plafond environnemental pour la France et l’Europe

-          Vous auriez pu expliquer pourquoi vos mesures préconisées au niveau national et européen permettent de satisfaire aux exigences de ces nouveaux indicateurs.

-          L’incidence attendue de ces politiques sur la vie quotidienne des gens et voir comment il est prévu qu’elle s’améliore et à quel rythme

-          Vous auriez pu pointer mieux que ce que j’ai essayé de faire les difficultés pour mener les combats que vous proposez en Europe et  évoquer des pistes de stratégie pour vaincre les réticences. Faut-il aller vers une Europe fédérale?

A plusieurs endroits de votre livre, vous insistez sur l’importance que tous et toutes adhèrent au projet pour réussir. Cela signifie que vous souhaitez convaincre vos opposants.

Vous auriez pu évoquer les pistes et sujets de négociations possibles sur les thèmes suivants :

-          La politique de défense

-          La politique énergétique

-          La politique économique

Je vous remercie, Madame la Députée, de l’attention que vous avez portée à mes commentaires.

 

 

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